Les arrêtés sur le mouillage et le débarquement des passagers qui complètent le décret de mai 2017 sur la Réserve Naturelle Nationale du banc d’Arguin ont été publiés le 11 juin.
Rappelons que jusqu’ici la RNN était régie par un décret datant de 1986, qui instaurait un équilibre satisfaisant entre les activités des professionnels et des plaisanciers, et la préservation des population d’oiseaux. Ces dernières augmentaient de façon constante d’année en année, preuve que la situation leur convenait. Le décret mettait en place un certain nombre de prescriptions (interdictions de laisser des ordures, de camper et de bivouaquer, de débarquer des animaux…) qui furent très généralement suivies, la plupart des infractions constatées étant des excès de vitesse autour des bancs de sable.
Le nouveau décret, dont la première mouture a été présentée en 2014, est beaucoup plus restrictif, et a fait l’objet de vifs débats.
Trois points en particulier ont été contestés:
– l’extension donnée au périmètre de la RNN, dont la superficie double pour passer à 4600 ha. Cela donne à l’association gestionnaire, la SEPANSO, pouvoir sur toute la sortie et les passes du Bassin d’Arcachon.
– l’interdiction du mouillage de nuit. Cette interdiction figurait déjà dans le précédent décret, mais n’était pas appliquée. Elle pénalise deux catégories de plaisanciers: les habitants du Nord-Bassin, pour qui une journée est trop courte pour venir au Banc d’Arguin et en revenir; et les propriétaires de bateaux peu rapides, tels les pinasses ou les voiliers.
– la définition de zones de mouillage, en dehors desquelles le stationnement ou le mouillage des bateaux est interdit.
Ces trois points ont été remis en cause tout au long des discussions qui eurent lieu, depuis l’enquête publique à l’été 2014 jusqu’aux réunions de concertations organisées à la sous-préfecture au cours de l’hiver 2017-2018. Plaisanciers et professionnels, à la suite du commissaire enquêteur chargé de l’enquête publique, et de la sous-préfète Dominique Christian, ont été unanimes à demander le maintien du mouillage de nuit, et l’abandon des zones de mouillages, défendues par certaines associations écologistes.
L’ADPPM s’est dès le départ opposée à la création de zones de mouillage, et a défendu la liberté de mouiller tout autour des bancs de sable sous la responsabilité du chef de bord.
Cependant, le nouveau décret a été signé en mai 2017 par Ségolène Royal le jour de son départ dans une version presque identique à la version d’origine.
Ce décret doit être complété par des arrêtés préfectoraux, dont les derniers viennent d’être signés.
L’arrêté sur la pêche, publié au mois d’avril, semble donner à peu près satisfaction.
L’arrêté sur l’accostage et le débarquement des passagers par les sociétés de transport maritime définit deux points (carte ci-dessous) en-dehors desquels accostage et débarquement sont interdits. Les particuliers doivent laisser libre ces zones pour la manoeuvre des bateliers. Ces points se trouvent compris dans les zones de mouillage autorisées aux plaisanciers, ce qui réduit d’autant les possibilités de stationnement.
Les zones de mouillage autorisées, comme on le voit sur la carte ci-dessous, si elles laissent à peu près libre l’accostage au banc du Toulinguet, bien diminué cette année, réduisent l’accostage à Arguin à une zone qui comprend les deux ZPI et les trois zones dédiées à l’ostréiculture, où le mouillage est interdit…
Restent aux plaisanciers, du nord au sud:
– une petite échancrure au nord d’Arguin, d’où on ne peut pas accéder au reste du banc de sable
– une zone minuscule au milieu du banc de sable, où il est difficile de mouiller, et à partir de laquelle il faut traverser environ un km de vasières avant d’accéder à du sable sec. Il est déconseillé de s’y aventurer sans chaussures, les coquilles coupantes étant nombreuses.
– la conche sud, dans laquelle il faut manoeuvrer entre les parcs ostréicoles, et qui est inaccessible à marée basse
– une petite longueur de plage au sud de cette couche, où les courants sont violents, et qui est bordée par une zone dite « zone de quiétude » qui la sépare des plages océanes. Rappelons cependant que s’il est demandé aux plaisanciers d’éviter de traverser cette zone, ils ne peuvent pas être verbalisés s’ils s’y trouvent.
Cette mesure, qui vise à priver le public de l’accès aux plus beaux endroits du banc de sable, ne peut que résulter les jours de pointe en un entassement des bateaux et des visiteurs dans des zones peu propices, source de conflits et d’accidents.
La sévérité de ces mesures, qu’aucune étude d’impact n’a justifiée, est en contradiction avec les positions de l’ADPPM, qui souhaite le retour à un équilibre des usages entre oiseaux, ostréiculteur et plaisanciers.
Rappelons que le décret fait aujourd’hui l’objet d’un recours devant le Conseil d’État, déposé par une coordination d’associations, à laquelle l’ADPPM s’est jointe. Nous ne manquerons pas de vous tenir informés des autres actions à envisager.